Ce matin, comme tant d’autres, j’observe les familles dans leur routine matinale. Entre tartines et cartables, un objet s’est subtilement installé : la tablette ou le smartphone. Cette présence des écrans avant l’école soulève pourtant de sérieuses questions. D’après un rapport de Santé publique France publié en 2017, les enfants passent en moyenne 4h11 par jour devant les écrans, un chiffre bien supérieur aux recommandations des spécialistes. Je m’intéresse particulièrement à cette problématique qui touche au développement et à la santé de nos enfants. Pourquoi est-ce si préoccupant ? Quelles sont les alternatives ? Voici un tour d’horizon complet sur ce sujet qui concerne chaque parent.
L’impact des écrans sur la concentration
Étant personne attentive au bien-être des enfants, je constate que les écrans du matin ne sont pas sans conséquence. Un enfant qui regarde la télévision ou utilise une tablette avant d’aller à l’école voit son système attentionnel considérablement sollicité par des stimuli visuels et sonores ultrarapides. Cette surstimulation épuise littéralement sa capacité d’attention en seulement 15 minutes.
Les conséquences sur le comportement en classe sont immédiates et mesurables. Un enfant dont l’attention est épuisée avant même le début des cours présente des signes caractéristiques : agitation excessive, bavardage incessant, maladresse inhabituelle (il fait tomber ses affaires) et surtout, une incapacité à se concentrer sur les tâches scolaires. Ces difficultés de concentration impactent directement ses apprentissages et sa réussite scolaire.
Les chiffres sont alarmants concernant le développement cognitif. Des études montrent que les enfants qui passent plus de 2 heures quotidiennes devant les écrans présentent de moins bonnes capacités cognitives. La mémoire, la réactivité et la concentration se trouvent significativement altérées. Je trouve particulièrement inquiétant que cette exposition matinale aux écrans triple le risque de développer des troubles primaires du langage chez les enfants, un risque qui monte à six fois plus élevé lorsque les parents ne discutent quasiment jamais du contenu visionné avec eux.
Voici les principaux effets des écrans le matin avant l’école :
- Épuisement du système attentionnel après 15 minutes
- Agitation et difficultés de concentration en classe
- Risque triplé de troubles du langage
- Altération des capacités cognitives (mémoire, réactivité)
- Impact négatif sur les apprentissages scolaires
Ce que disent les spécialistes du développement
J’ai toujours trouvé que les repères clairs aidaient les parents à s’orienter dans l’éducation. Dans ce domaine, la psychologue Sabine Duflo propose une règle simple et mémorisable baptisée les « 4 pas » : pas d’écran le matin, pas aux repas, pas dans la chambre, pas au moment du coucher. Cette recommandation fait l’unanimité parmi les professionnels de l’enfance.
Le psychiatre Serge Tisseron a quant à lui établi la règle « 3-6-9-12 » qui structure l’exposition aux écrans selon les étapes du développement de l’enfant :
| Âge | Recommandation |
|---|---|
| Avant 3 ans | Pas d’écran |
| De 3 à 6 ans | Maximum 1 heure par jour d’écran partagé avec un adulte |
| De 6 à 9 ans | Activités créatives numériques encadrées par un adulte |
| De 9 à 12 ans | Contrôle accru du temps d’écran et discussion avec l’enfant |
Ces recommandations ne sont pas fantaisistes mais basées sur des recherches solides. Le neuroscientifique Michel Desmurget observe des effets délétères dès 30 minutes d’exposition quotidienne aux écrans. L’Académie américaine de pédiatrie, référence mondiale en la matière, déconseille formellement la télévision avant 18 mois et préconise que les enfants plus âgés ne la regardent pas plus d’une heure par jour.
Les travaux de l’INSERM révèlent que les enfants exposés aux écrans dès l’âge de 2 ans atteignent un taux de masse corporelle supérieur à la moyenne à 5 ans. Cette sédentarité précoce s’accompagne d’une perte mesurable des capacités physiques : une étude comparative montre qu’un enfant qui courait 800 mètres en 3 minutes en 1971 met désormais 4 minutes en 2013, soit une perte de 25% des capacités cardio-vasculaires.
Alternatives simples pour le matin en famille
Je suis convaincue qu’interdire ne suffit pas, il faut proposer des alternatives. Le matin est un moment précieux pour préparer l’enfant à sa journée d’apprentissage. Plutôt que de le laisser s’abrutir devant un écran, pourquoi ne pas mettre en place des rituels matinaux stimulants et apaisants ?
Les jeux de société rapides sont une excellente option : ils développent la concentration, la logique et la sociabilité en quelques minutes. La lecture partagée est également idéale : lire une histoire courte à votre enfant ou l’encourager à lire quelques pages stimule son imagination et prépare son cerveau à l’apprentissage. Pour les plus sportifs, quelques exercices d’étirement ou une courte danse dynamique peuvent réveiller le corps en douceur.
Pour les parents qui cherchent à structurer leur approche, voici comment organiser un matin sans écran en 5 étapes :
1. Réveil en douceur avec une musique calme plutôt qu’avec des dessins animés
2. Préparation ensemble du petit-déjeuner, moment d’échange privilégié
3. Discussion sur le programme de la journée pour préparer mentalement l’enfant
4. Activité courte stimulante (lecture, jeu, dessin) pendant 10-15 minutes
5. Préparation du départ dans le calme, sans précipitation
Pour donner l’exemple, je suggère aux parents de limiter également leur propre usage du smartphone le matin. Les enfants sont de fins observateurs et reproduisent nos comportements. Établir un tableau pour visualiser les plages horaires sans écran peut aider toute la famille à respecter ces moments déconnectés.
Il est important de comprendre que ces alternatives ne visent pas à culpabiliser les parents, mais à offrir des options réalistes et bénéfiques pour toute la famille. L’objectif est de favoriser un environnement propice à l’apprentissage et au développement harmonieux de l’enfant, tout en préservant des moments de qualité en famille avant la séparation de la journée.
